Trésors du territoire

Sacha Jung, délégué général Fibois Grand Est

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Riche, généreuse, mais fragile

Né au XVe siècle à Sélestat, quel symbole plus fort que le sapin de Noël, fièrement installé dans le salon familial ? Le Grand Est, avec un taux d’occupation équivalent à 33 % de sa surface, est la quatrième région la plus boisée de France.

Au-delà de l'imaginaire collectif, le bois est un atout économique majeur car il est source de multiples activités (scieries, industries papetières, construction) et à la croisée d'enjeux d’avenir : énergies renouvelables, trames vertes, ruralité, filières courtes…

Mais derrière cette réalité économique, les forêts souffrent. « Elles traversent une crise sanitaire majeure, équivalente dans ses conséquences à la tempête de 1999 », illustre Sacha Jung, délégué général de Fibois Grand Est1. En cause, le changement climatique et un insecte xylophage favorisé par la sécheresse, le scolyte. Depuis la mi-2018, trois millions de m3 sont impactés.

La forêt possède un atout essentiel, elle n’est pas délocalisable


Devant l’urgence de la situation, la Région et les organisations professionnelles se mobilisent pour trouver des solutions. « Elles passent par une récolte rapide des arbres impactés2 pour enrayer la propagation du phénomène. Puis par des replantations incluant des espèces adaptées à un climat plus sec. Des essais sont menés avec le pin Laricio de Corse, le hêtre de la Sainte-Baume. Mais le temps de la forêt est long, il faut parfois jusqu’à cent ans pour savoir si ces essences se comportent bien. Ce qui complique fortement les choix des gestionnaires », souligne Sacha Jung.

Car la forêt, à côté de ses filières traditionnelles, est aujourd’hui porteuse d’une nouvelle valeur ajoutée, la chimie verte, qui sait valoriser tous les composants d’un arbre. Avec, à la fin du cycle, cosmétiques, substituts aux dérivés du pétrole, carburants. « Surtout, rappelle Sacha Jung, la forêt possède un atout essentiel, elle n’est pas délocalisable ».La solidarité envers cette filière est réelle et forte.

Grâce à la forêt, chaque année, des milliers d'admirateurs se prennent à rêver, humant l’odeur bien singulière du sapin et admirant son tronc majestueux, gage de prochaines surprises.



(1) Interprofession forêt-bois, associant sylviculteurs, entreprises de transformation, organismes économiques et de formation
(2) Attaqué par les scolytes, le bois bleuit, mais ne perd pas ses propriétés naturelles.